Herbert vs manichéïsme

Démarré par baron vlad, Avril 22, 2005, 08:37:32 AM

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baron vlad

J'ai lut les deux premiers, on peut s'identifier aux deux persos principaux, louis et lestat. Louis reste assez "bon" et on réagirait un peu comme eux si on entrait du jour au lendemain dans un monde fantastique tel qu'il le font.

Filo

Des exemples? heu... certains héros de Gustave LeRouge...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Le_Rouge

Sinon je n'ai pas lu le cycle de Lestat le vampire de Anne Rice, mais peut-être que ça entre dans la catégorie.
L'art est un travail ingrat,
mais il faut bien que quelqu'un le fasse.

baron vlad

Ils veulent aussi qu'on ne s'identifient peut-être pas à leur héros. :twisted:

Jusqu'ici, je n'ai toujour pas rencontré ce genre de héros, t'as des éxemples?

Filo

Il est difficile d'écrire une telle saga sans tomber dans le manichéisme, car c'est une vision intrinsèque à l'inconscient collectif humain. A mon avis il est difficile d'y échapper.
On peut seulement le tempérer plus ou moins, dans un effort de réalisme, en distillant du mal, du péché chez le héros,
et du bon (ou au moins du coeur ou de l'humanité, mais on peut jouer sur les mots) chez le méchant.
Ce que Frank Herbert a fait admirablement, malgré les bases très manichéennes de Dune.

Mais certains auteurs sont allés plus loin en présentant des héros auxquels on a de la peine à s'identifier tellement ils sont détestables.
L'art est un travail ingrat,
mais il faut bien que quelqu'un le fasse.

baron vlad

Le manichéïsme, ou lutte du bien contre le mal est un ancien précepte apparut chez les indo-européens et s'est transmis aux autres cultures.

Herbert n'a pas utilisé ce type de conflit pour la saga de Dune, mais il a utilisé (consciemment ou non) les archétype et stéréotype des oppositions du bien et du mal dans sa structure narrative.

Walther Burkert a écrit:

"L'éventuel vainqueur et son antagoniste sont opposés à bien des niveaux: le vainqueur sera brillant, beau, jeune, mince, fort et vertueux." C'est le cas de Paul qui a plein d'aptitude et de compétence, il a hérité de la beauté de sa mère (selon Leto), il est jeune et mince (opposé à un feyd décrit comme musclé) fort et ses idéaux au départ sont dans un style pur et naïf.

"Son adversaire sera sombre, laid, repoussant, vieux, gros et puissant." C'est la description éxacte du baron harkonnen.
Le contraste entre ses deux type s'impose de lui même.
On pourrait faire la même comparaison sur ces deux persos avec leur planéte d'origine.

Au début du premier opus de Dune, face à tous ces complots et intrigues, Paul symbolise le bien (il est le seul à ne pas avoir encore fait le mal) et la vérité.

Herbert au début des conflits entre Harkonnen et Atréïdes ou entre honorés matriarches et BG, les disposent comme si le bien et le mal s'étaient déclarés la guerre. Les uns agressent, les autres se défendent et dans les deux cas, les Atréïdes et BG cherchent l'indépendance plutôt que la domination. Ils se battent parce qu'ils y sont contraint, contrairement à leurs adversaires qui le font par gout du sang.

J'ai l'impression que Herbert fait ça au début de Dune et des hérétiques pour tromper le lecteur avant de lui montrer son opinion sur l'absurdité du manichéïsme. Le fait-il exprés ou a-t-il été influencé inconsciemment par ses lectures antérieures.

L'un des objectif de Dune est de montrer que le bien s'associe nécésairement au mal. Pour cela, Herbert confond ses personages dans les deux catégories. Et il nous montre que ces une réalité. Quand je vois comment les fremens et Paul agissent, je comprend que le mal n'est pas l'absence du bien mais une de ses forces.

Le bien et le mal ne sont pas conciliables, ils doivent se détruirent mutuellement, mais Herbert n'approfondit pas plus.

Autre aspect: l'écologie, le mal sous forme de nocivité, d'ignorance et de désordre pousse les protagonistes de Dune (à part les fremens) à ne pas "sauver" toute la création de la planéte arrakis.

Là où Herbert crittique le plus le manichéïsme, c'est évidemment dans le fanatisme qui provoque des morts. Il montre bien que les victimes adversaires ou autre du héros ne sont pas une victoire indiscutable, que le bien a remporté.

Herbert transporte le conflit du bien et du mal dans l'esprit humain. Inutile de montrer des éxemples, il y en a tellement.


Les persos principaux représentent donc le bien, disposant d'un potentiel pour faire le mal et n'arrêtent pas de l'appliquer froidement, consciemment et même avec haine. Par contre, les persos symbolisant le mal n'ont semble-t-il aucun potentiel pour la rédemption. Si Herbert leur avait donné des vestiges de bonté les deux camps auraient été comme le ying et le yang: égaux avec chacun une part de l'autre en soit. Mais bon Herbert à le soucis de ne donner aucune moralité aux harkonnens, tleilaxus et autres.

Au final, la façon dont Herbert change le conflit entre le bien et le mal créer une trame complexe et parle merveilleusement des puissances de l'éxistence, de la façon de les obtenir de les perdres ou de les briser par l'action des hommes et le tout sur des thémes comtemporains.