[archive Le Monde] 1974/05/20 - DEUX MYSTIQUES ?

Démarré par ionah, Février 06, 2014, 01:10:30 PM

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ionah

#1
note:il y a quelques coquilles d'OCRisation
source : http://www.lemonde.fr/archives/article/1974/05/20/deux-mystiques_2522019_1819218.html




DEUX MYSTIQUES ? - 20.05.1974

• Alexandro Jodorowsky va tourner en France, et c'est pourquoi il est à Cannes. Le Festival, réunion des puissances mondiales du cinéma, représente le cadre idéal pour annoncer l'une des productions les plus chères de tous les temps : " J'aime l'argent, dit Jodorowsky sans une ombre de cynisme. Le cinéma pauvre n'est pas une solution ; je le sais, j'en ai fait. Un film doit être vu partout, dans les meilleures conditions. Donc, il doit être très bien lancé, et si les producteurs investissent des millions de dollars, ils se donnent du mal pour que tout le monde puisse le voir. "

Le film est tiré d'un roman de science-fiction : " Dune ", de Frank Herbert. " Une œuvre shakespearienne, wagnérienne, surréaliste, politique, mythique. Mystique ? Non. " La Montagne sacrée " m'a libéré. Et puis maintenant, je sais qu'il est nécessaire de raconter une histoire. Celle-ci racontera la révolte des hommes contre les robots en 10723, la lutte entre une société décadente et un peuple sous-développé... Je ne prends pas position. Pour le faire, il faudrait que je puisse me définir... J'essaie seulement de montrer toutes les solutions possibles et de regarder tout ce qui est vivant, avec une énorme pitié chrétienne. "

Jodorowsky coproduit " Dune ". Il espère que son pourcentage (25 % des bénéfices) lui permettra de financer un prochain film sans doute plus modeste. Il se contente de ce qu'il a : avec 10 ou 100 millions, il ne fait pas la même chose, mais il fait ce qu'il veut. " Si on veut changer le cinéma, dit-il, il faut pouvoir tout contrôler, être libre d'inventer. " Et il rêve de présenter les films comme des concerts de rock : un ou deux jours dans chaque ville, mais devant cent mille ou deux cent mille spectateurs. Alexandro Jodorowsky n'est pas l'homme des demi-mesures.

• " La Vérité sur l'imaginaire passion d'un inconnu ", de Marcel Hanoun (France), met à l'écran l'Évangile selon saint Jean. Ce film nous ramène au bon vieux temps du catéchisme, avec une telle simplicité de regard, une telle limpidité de la narration cinématographique que le mystère peut-être décrit perd toute signification, devient creuse, sans contenu. Ici, avec quel tact, avec délicatesse, le cinéma se fait l'instrument, le complice, d'une mystification en bonne et due forme !