J'ai relu avec plaisir le compte-rendu de
Systar (publié il y a 3 ans de cela).... Certains passages m'échappent encore (...ben oui, y'a pire que moi
), mais, à la relecture, je comprends un peu mieux aujourd'hui où voulait nous conduire cette critique.
La philosophie de Dune est systémique, elle tisse d'infinis liens qui ne prennent sens qu'à une certaine hauteur (...de vue, si j'ose dire). En cela, Dune est un condensé de la
Speculative Fiction, tout à la fois littérature d'idées et véhicule d'images, soupe d'archétypes et terrain d'avant-garde, aboutissement du grand roman psychologique moderne et subversion de ses règles. De ce fait, le style est inséparable du fond. C'est tout le génie de FH que d'avoir su conduire sa barque en évitant les écueils du traité encyclopédique bavard ou du soap-space opera intergalactique. Un équilibre subtil dont les Abominations se sont montrées parfaitement incapables, faut-il le préciser ?
Dernière chose,
Systar comme
Stalker ou d'autres éminents représentants de la "
Réacosphère" (comme les qualifiait un article du
Ring), manifestent un regard très souvent pertinent et acéré sur Herbert et la SF libertarienne ou militariste (Poul Anderson/Heinlein/Vance/Niven...). Il est donc très injuste, comme je l'ai récemment lu, de les disqualifier "politiquement" ou de les cantonner à la traditionnelle trinité Barjavel-Dantec-Houellebecq ...
Ce sectarisme d'un autre âge est vraiment contre-productif et assez significatif des errances intellectuelles d'une certaine gauche bien pensante. J'écris cela, bien que ma philosophie politique personnelle se rattache au progressisme (mais c'est compliqué hein... Thoreau+Proudhon...
).
Franchement, peu importe l'étiquette idéologique, pourvu que l'analyse soit pertinente ! Le blog
Schizodoxe en est la meilleure preuve, on y trouve des analyses admirables à hauteur de Stalker, même si les "référents" diffèrent du tout au tout ... Demandez à un Asimovien et à un VanVogtien leur vision de Dune, et vous verrez que la confrontation des deux lectures ouvre des fenêtres infinies sur ce que peut vouloir signifier la SF d'hier et de demain.