Ce parallèle est intéressant, et les concordances quasiment fascinantes, bien qu'elles soient plus généralement axées sur Shaddam IV, qui est finalement un personnage presque secondaire dans Dune.
Il était évident que cela t'interpellerait, Jacenius!
Pour ma part j'avais déjà essayé de trouver une comparaison entre Paul Muad'dib et un personnage historique et avais lorgné plutôt du côté de Gilgamesh.
Pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de Gilgamesh, on a longtemps hésité à admettre son historicité véridique, mais depuis moins de deux siècles elle est avérée. Son nom revient fréquemment dans les listes des rois du pays de Sumer, où il semble avoir régné vers -2500. Il s'agissait incontestablement d'un monarque puissant et victorieux: jusqu'au terme de cette civilisation deux millénaires plus tard, on continue à le tenir pour l'archétype du souverain, à la fois guerrier magnifique et homme d'état exemplaire. Nombreux et variés sont les mythes qui se sont greffés sur sa personne et en on fait un héros culturel légendaire, combinant les mérites majeurs d'Hercule, d'Ulysse ou de Prométhée.
Il est donc devenu aussi un personnage mythique, à l'instar de Salomon plus tard.
L'Epopée de gilgamesh remonte donc à 4000 ans et peut-être plus, de plus de dix siècles antérieure à l'Iliade et l'Odyssée. Le texte nous est parvenu sous diverses formes incomplètes qui ont heureusement survécu aux ruines de l'antiquité et qui, par association, nous livrent l'essentiel du récit. La plus longue version connue a été découverte au XIXe siècle par des archéologues dans la bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal.
L'Epopée de Gilgamesh est une oeuvre profondément troublante: une méditation poétique sur la mort, inéluctable destinée.
On nous y présente un héros d'une envergure surhumaine, d'une assurance qui confine à l'arrogance, d'une éclatante vitalité ; et voici que la peur de mourir le réduit à une sorte de paralysie, de laquelle il n'émerge que pour entreprendre une quête désespérée de l'unique survivant du Déluge, le désormais immortel Ziusoudra (Outa-Napishtim dans les textes plus tardifs).
Il vaut la peine de remarquer au passage que l'entière légende de l'Arche de Noé, telle que relatée dans la Bible, ou celle de l'Arche de Manou, relatée dans le Mânavadharmasâstra, descendent toutes deux du récit du Déluge de l'Epopée de Gilgamesh, antérieur d'un millénaire au moins.