Comme promis, je me suis attelé à la traduction de l'article, mais je n'ai fait que les origines et les inspirations, dont seulement Shakespeare, parce que ça me prend trop de temps et j'ai plein d'autres trucs plus importants à faire.
Ca vous donnera déjà une idée, et si quelqu'un d'autre veut bien continuer, je passe la main avec plaisir!
Origines
Frank Herbert (1920-1986) était un garçon exceptionnellement brillant, élevé par des parents souvent alcooliques pendant la Grande Dépression. Il passait la plupart de son temps seul dehors à explorer la nature, ou absorbé par des intrigues romantiques d'auteurs tels que Ezra Pound, Guy de Maupassant, Marcel Proust et Ernest Hemingway.
Pour son huitième anniversaire, Herbert annonça son intention d'être écrivain quand il serait grand.
A douze ans Herbert avait lu et assimilé l'oeuvre complète de William Shakespeare.
La première moitié de sa vie, Herbert travailla principalement comme reporter. Malgré son esprit étendu, il ne connut pas de succès.
En 1956 il publia son premier roman, Le Dragon sous la Mer, metant en scène un sous-marin de guerre dans un avenir proche.
Herbert trouvait ridicule d'utiliser des vaisseaux géants et métalliques pour transporter des liquides pesant plus lourd que l'eau, et il eut l'idée d'un ballon géant en caoutchouc, de la forme d'un ver des sables, qui pouvait être remorqué de la surface par un bateau plus petit et plus économique. A partir de 1958, la branche anglaise de Dunlop commença à produire et à vendre l'idée de Herbert avec le Remorqueur Dracone. Le nom "Dracone" (dragon en latin) était une référence évidente à l'idée du roman d'Herbert.
Arthur C. Clarke et Fritz Leiber tentèrent d'officialiser cette pérennité au profit d'Herbert, mais ce dernier découvrit que le "délai de découverte"de deux ans après la publication de son livre était déjà écoulé, il lui fut donc trop tard pour bénéficier d'un quelconque brevet.
A l'approche de la quarantaine, Herbert commençait à se demander s'il allait vraiment réaliser son rêve: devenir un écrivain accompli, riche et célèbre.
Il décida de s'y atteler sérieusement et fit l'ébauche de son grand oeuvre. Il consacra les 5-7 années suivantes à se documenter et rédiger "le roman du désert". Il se basa sur deux points de départ:
premièrement sa circonspection de longue-date sur ce qu'il appelait "l'impulsion messianique dans la société humaine". Il pensait que les gens semblaient avoir le besoin inné d'un guide puissant et charismatique sur qui ils pouvaient décharger leurs responsabilités, se reposer pour prendre les décisions difficiles.
Herbert observait que même les meilleurs chefs sont humains, que ces humains ont des défauts, et qu'élever n'importe quel humain à une position de pouvoirs quasi-divins pourrait tendre à amplifier ces défauts humains à des proportions dangereuses. Pire, même si le chef d'origine résiste à la tentation d'abuser de ses pouvoirs, la bureaucratie qui se développe autour de lui pourrait lui survivre, et avec le temps devenir de plus en plus tenté de donner la priorité à ses propres intérêts plutôt qu'à ceux du peuple.
Deuxièmement il avait écrit en 1958 un article intitulé Ils ont arrêté les mouvements du sable à propos des expériences écologiques de l'USDA (Département d'Agriculture des Etats Unis) à Florence, Oregon.
L'USDA pensait pouvoir empêcher les dunes de sable d'envahir les autoroutes en plantant simplement des barrières d'herbes! Herbert loua un avion Cessna monomoteur et survola l'expérience pour prendre des notes et des photos.
En observant le flux des dunes il fut soudain saisi d'un puissant accès d'inspiration. Il réalisa que "... une dune de sable est comme une sorte de fluide, même s'il lui faut plus longtemps pour se déplacer, qui crée des vagues qui, vues d'en haut, sont analogues aux vagues de la mer " (Vertext Interviews Frank Herbert, Oct.1973, par Paul Turner).
Les magazines ne publièrent jamais son article, mais Herbert tenait là l'étincelle qu'il avait cherchée ; le germe qui nourrirait l'élaboration de Dune.
Inspirations
La plupart de la Science Fiction à l'époque d'Herbert était limitée par l'idée que la SF était un genre totalement nouveau. La plupart des auteurs ne regardaient pas plus loin que H.G. Wells, Jules Verne, Edgar A. Poe ou Mary Shelley pour leur inspiration, au plus une vision de 200 ans. Herbert comprit que la SF était moins un genre qu'un vocabulaire moderne à travers lequel on peut exprimer le genre le plus vieux du monde, le Récit Fantastique (les plus vieilles histoires de toutes les cultures connues sont exclusivement des récits fantastiques). Parce qu'il comprit la continuité du Conte Fantastique, des récits épiques grecs à Wells et Verne, il vint à envisager la possibilité d'une perspective non pas de 200 ans mais de 3000.
Dans un sens, cela lui donna une manche d'avance sur l'auteur de SF type!
Herbert a innové sur un autre point majeur: à son époque la SF était généralement perçue comme une façon d'exprimer à travers une histoire des idées dotées d'une certaine ouverture d'esprit, mais l'idée était la vedette, et l'histoire elle-même servait plus ou moins de prétexte pour habiller l'idée. Les personnages de SF étaient généralement plats, l'intrigue peu profonde et les dialogues guindés et peu réalistes.
Herbert puisa dans son immense culture autodidacte pour marier la SF aux plus forts éléments de la littérature, l'histoire, la mythologie, les religions occidentales, les mathématiques, la science, et sa vie personnelle.
Parmi ses inspirations les plus évidentes on trouve:
Le théâtre de W. Shakespeare, particulièrement Hamlet (1601), mais également Macbeth (1606), Le Roi Lear (1605), La Tempête (1610) et d'autres oeuvres.
Paul porte la bague au sceau de son père, comme le faisait Hamlet. Paul sonde réellement son peuple en s'y mêlant sous une autre identité, comme Henry V. Et l'emprunt le plus évident de Herbert est probablement à l'apogée de Hamlet, dans lequel l'adversaire mineur du héros combat avec une lame empoisonnée lors du duel public, pendant que son adversaire majeur regarde. La conversation de Hamlet avec le fantôme de son père trouve un écho avec la conversation entre Liet Kynes et le fantôme de son père (Pardot Kynes). La planète natale de Paul, Caladan, porte un nom qui rappelle celui du personnage Caliban.
Les spécialistes de Shakespeare ont noté que "Caliban" vient probablement de "cannibale", une technique courante chez Shakespeare pour suggérer subtilement la nature essentielle d'un personnage.
La théorie selon laquelle Caladan serait inspiré de Caliban est renforcée par l'utilisation de ce dernier nom dans son roman L'Etoile et le Fouet.
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