"Encore une fois, le drame commence"Certains se rappellent peut-être de la malheureuse expérience de ce groupe de jeunes Fremen qui tentèrent d monter leur propre adaptation cinématographique de Dune ? Alors que les Lynch en herbes (mais pas si amateurs que cela) avaient déjà bien avancé leur production, l'aventure se solda brutalement par une interdiction de poursuivre leur entreprise et de diffuser leurs épreuves de tournage - ainsi que leurs bandes-annonces.
Pourquoi ? Essentiellement pour une question de droit. Pour un rappel des faits plus exhaustif, voir les liens suivants:
En effet, les ayants-droit de Dune sont assez à cheval sur comment la licence et l'image du Dunivers est employée, et se réserve donc quelque part le droit de régner sur le Fandom. Cela vient de nous être collégialement rappelé via l’exemple de Miles Greb, artiste dessinateur de son état qui pour l'ECCC2017 a présenté un pur produit digne du 'fanlore', une BD de Dune. Objet qui donc n'a aucune légitimité légale même si elle peut revêtir nue grande valeur sur une autre échelle. l'échange ayant eu lieu sur Twitter en voici la transcription.
https://twitter.com/DuneAuthorhttps://twitter.com/GoldrushcomicD'aucun notera le ton sec de Brian Herbert qui retoque vertement le prétendant, un fan - qui gars comme vous et moi, avec quand même un peu plus de talent pour dessiner. Triste bilan d'une difficile équilibre à vouloir faire tenir entre le contrôle que la HLP souhaite exercer sur concept, le Dunivers, et la force créatrice que ce concept fait surgir, le Fandom.
le copyright donne légalement le droit aux héritiers de Frank Herbert de définir ce que le Dunivers est et devient - et par conséquent ce qu'il n'est pas. Cela au risque de créer un schisme une partie des fans - rappelons nous des années 2000 et des fameux joutes entre Talifans et McDunistes. (cf #McDune is not #Dune)
Chaque univers fictionnel se confronte à la même problématique lorsque le copyright est de mise. Et chacun doit s'y retrouver. Car pour un auteur la gestion d'un Fandom n'est pas toujours une paire de manche, d'autant plus lorsque la machine commerciale requiert son dû. Et le clash est d'autant plus grand lorsque le triptyque Copyright - Propriétaire - Fandom est déséquilibré. Dans le cas de Dune, le perçu du Fandom est que les Propriétaires ne sont pas à la hauteur car incapable de produire mieux que le travail d'un fan moyen et que les quelques professionnels qui s'emparent du Dunivers en dépit du Copyright pour alimenter le Fandom se font sanctionner par les Propriétaires.
la HLP veut (want, not must) contrôle le contenu et la représentation du Dunivers. Un travail de fond qui débuta il y a des années par la marginalisation aussi scandaleuse que forcée de la Dune Encyclopedia : Kevin J. Anderson et Brian Herbert ont pousser un senior à lui arracher une sorte de confession écrite dans lequel il en reconnait la non-canonicité, mais de plus ils en se sont inspirés du même ouvrage pour écrire les leurs.
Souhaitons nous continuer à nous faire servir la soupe en attendant que la HLP daigne commissionner quelques artistes pour refaire des couvertures de ré-éditions et se perde en pourparler pour trouver quelques cinéastes pour faire des téléfilms ? Certes, cette soupe littéraire insipide plaît à un certain lectorat plus friand de soap-opera que de Frank Herbert mais les aventures des pré/sé/interquelles pourraient se dérouler dans n'importe quel univers, elles se sont affranchies depuis longtemps du paradigme herbertien. Et l'attitude des Propriétaires est d'autant plus déplorable qu'elle joue mal de la carotte et du bâton: la carotte pour les fans qui consomment et rapportent des sous, le bâton pour ceux qui contribuent au Dunivers et le font vivre. Cela apparaît d'autant plus inique que la masse de production du Fandom est davantage stimulée par l'oeuvre du père, du film de David Lynch et de Alejandro Jodorowsky que des Propriétaires...
DAR | Dune SF est un acteur du Fandom: non seulement nous participons à la diffusion et promotion de matériels et artistes issus du Fandom, mais nous contribuons à son enrichissement en l'alimentant par des productions originales. Et l'une des problématiques - que d'autres de fait ne risquent ni de rencontrer ni de se poser - et de savoir contourner le porte-à-faux. Une des difficulté consiste à respecter le cadre légal tout en étant sur l'espace public. Aussi le respect des artistes et de leur droit est un point de départ: "
promovere. non struere" - faire la promotion des contributeurs plutôt que de collectionner leurs contributions en leur faisant prendre la poussière dans quelques tiroirs. Pour le reste, dans un modèle où les Propriétaires ont décidé de mater le Fandom par le Copyright, au vu de l'expérience passée, il convient de suivre la règle du pas-vu/pas-pris et pas-pris/pas-puni, mais surtout de suivre la ligne de l'intérêt commercial des yeux sans jamais la franchir. Les exemples de Miles Greb et des cinématographes reflètent bien comment la HLP ne peut tout contrôler: le Web regorge d'éléments issus du Fandom, et la HLP se contente de calmer les ardeurs de ceux qui marchent sur leur plate-bandes financières.
Après tout, n'est ce pas un enseignement de Dune ?
« Contrôlons la monnaie et les alliances. Que la racaille s’amuse du reste. » Ainsi dit l’Empereur Padishah.